Le régime et le peuple uzbèque

 




Le régime et le peuple uzbèque
Août 2012

La langue de Shakespeare est peu courante ici, mais leur gentillesse la compense largement. Le langage des signes nous permet de nous faire comprendre plus ou moins facilement.
Ce qui est très bizarre ici à contrario de l’IRAN, c’est que lors de discussion avec les personnes, rares sont ceux qui évoque la main de fer du régime en place. Toutes semblent satisfaites de la vie qu’elles ont. Est-ce la peur d’être filmées (des caméras partout), écoutées, vues par la milice… on ne sait pas. L’une des seules à s’être exprimé, souhaitait partir vivre en Europe, aux USA… sans savoir réellement comment était la vie. En fait, après quelques minutes, nous lui avons posé une question simple : pourquoi l’énorme parc à 200m est éclairé et pas les rues ? sa réponse nous surpris : cela a toujours été comme cela… En fait, les jeunes (nés depuis l’indépendance de 1991) n’ont pas connus d’autres Président qu’Islam KARIMOV. Ils considèrent qu’il est bien, car pour la santé, l’enseignement, les divertissements (principalement théâtres), la sécurité et la vie de tous les jours cela se passe bien. En ce qui concerne les plus âgés, l’anglais n’est pas parlé et nous n’avons pu obtenir des renseignements. Elu pour la 3ème fois consécutive, il a décrété que les 2 premiers mandats ne comptaient pas…
Le Président décide d’une loi, le parlement l’approuve… il décide de raser des quartiers entiers de maison afin d’installer des jardins publics ou mini parcs d’attraction, personne n’ose rien dire. Les nouveaux bâtiments de plain-pied en bordure de ces parcs, sont principalement des boutiques de souvenir. Entre les magasins, la partie du quartier restante est cachée par d’énormes portails métalliques. Les autres personnes sont relogées dans des immeubles d’une laideur insupportable. Pour faire bonne figure, il a construit dans toutes les villes des « monuments de la mère affligée ». Il s’agit de toutes les femmes mortes entre 1941 et 1945, pour les hommes, rien… Nous pensions en arrivant ici, avoir fini de voir des folies à l’image du TURKMENISTAN, point en est. Chaque ville a ses folies, mais la capitale TASHKENT en regorge. Il a accepté que l’islam soit la religion dominante, mais il n’y a pas d’appel à la prière par le muezzin, cela le dérange…
La police est partout : dans les bazars, dans le métro, dans les rues… en tant qu’étranger, les seuls fois où nous sommes interpellés c’est dans le métro afin de vérifier passeport et nos sacs à dos. Pour la population, on arrête leur voiture : demande de papiers, ouverture du coffre et régulièrement une amende, ils ne savent pourquoi et pas de révolte. A la sortie de toutes les villes, des portiques avec des ralentisseurs et contrôle de police… Se déplacer n’est pas une sinécure. Il en est de même pour le train. Ici le vol est sévèrement sanctionné, pour une voiture c’est 20 ans de prison… Toutes les terrasses de bars et restaurants doivent être fermés à 23h et la majorité des hôtels ferment leurs portes à 23h30…
Au niveau économique, le pays possède un sous-sol riche de pétrole, gaz, métaux rares, charbon… A qui profite la manne, nous ne savons pas. La mono culture du coton hérité de l’URSS, demande beaucoup d’eau et de main d’œuvre lors de la récolte. Qu’à cela ne tienne, des canaux par centaines irriguent le pays au détriment en majeure partie de la diminution de la mer d’ARAL… Quand arrive la récolte, une très grande partie de la population est réquisitionnée (volonté du Président) et ce quel que soit l’âge… Par contre, depuis l’indépendance, de nombreuses usines n’ont pas reprises d’activité. Le paysage est parsemé de monstres bâtiments à l’abandon tous rouillés, du matériel dans le même état… rien n’a été démonté. Ce qui laisse plus rêveur. Car au milieu de ces carcasses, nombre d’ouvriers s’évertuent chaque jour (en ville ou à la campagne) à faire à la main des briques de pisées (mélange de terre et paille)…
Les points positifs sont : c’est un pays sûr et jamais nous avons eu l’impression d’être en danger. Les villes sont d’une « propreté suisse », et pourtant vu l’état des rues et maisons dans certains quartiers on pourrait craindre le pire. A contrario, une fois à la campagne, le virus de tout jeter n’importe où est bien réel.
Autant en IRAN, nous n’avons presque pas vu d’enfants (0 à 15ans) ; ici la jeunesse est partout dans les rues. Nous avons compris les raisons. En premier lieu, la majorité des mariages sont arrangés dès l’âge de 16-17ans pour une fille. En fait, le garçon est introduit dans la maison de la jeune fille, qui accepte mais aussi peut refuser. Donc ne pas être mariée à 22 ans est très mal vu, pour les hommes c’est 25 ans. Avoir des enfants tôt est une reconnaissance des autres… En deuxième lieu, la femme s’occupe principalement des tâches ménagères, des enfants et à la campagne du jardin. Cette activité permet de vendre sur les marchés les fruits et légumes et d’apporter un complément de revenu à la famille. Il n’existe plus de statistique sur le nombre de naissance, mais on peut légitiment estimer par ce que nous avons vu et ce que l’on nous a dit, que la moyenne serait aux alentours de 5 enfants.
Ce que la population sait : ils peuvent se déplacer aisément dans les pays en STAN, par contre obtenir un visa pour un autre pays est plus que difficile et surtout horriblement cher. Hormis les personnes proches du pouvoir et les quelques nantis dus à la richesse du sous-sol et quelques entreprises, ils gagnent peu. Une personne nous a dit qu’en moyenne, il touchait l’équivalent de 4 dollars de l’heure soit environ 11 000 soums. Quand le litre d’essence est 1 800 soums, que le raisin est en moyenne à 3 500 soums, les tomates à 3 000 soums, la bière à 5 000 soums (50cl), la vodka à partir de 6 000 soums (75cl)… vu le nombre d’enfants leur vie est très dure.


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